La Tradition à Genève
Notre saint patron
FRANÇOIS, né (en 1567) au château de Sales, d'où son nom de famille, de parents pieux et nobles, et instruit dans les arts libéraux, s'appliqua à Paris à l'étude de la philosophie et de la théologie, et obtint à Padoue les honneurs du doctorat en l'un et l'autre droit.
Initié au sacerdoce et parvenu à la prévôté de l'église de Genève, il remplit si bien les devoirs de cette charge, que l'évêque Granier le désigna comme prédicateur de la divine parole, pour arracher à l'hérésie de Calvin les habitants du Chablais. Ayant entrepris cette mission d'un cœur joyeux, après avoir surmonté, avec l'aide de Dieu, toutes sortes de périls et de difficultés, il ramena, dit-on, soixante-douze mille hérétiques à la foi catholique.
A la mort de Granier, François, consacré évêque (1602), institua un nouvel Ordre de religieuses, dit de la Visitation de la bienheureuse Vierge. Il illustra l'Église par ses écrits emplis d'une doctrine céleste.
Atteint d'une maladie grave à Lyon, il s'en alla au ciel en 1622, et fut déclaré, par le Souverain Pontife Pie IX, Docteur de l'Église universelle (1877).
Extrait de la leçon du Bréviaire pour la fête de Saint François de Sales
La fidélité des vieux prêtres
Face aux dangers et aux dérives initiées par le nouvel ordo missae à la suite du Concile Vatican II, quelques catholiques se réunissent autour d’anciens curés de paroisse restés fidèles à la messe de leur ordination, notamment monsieur l’abbé Laurent Gamacchio (1902-1993), curé d’Aire-la-Ville puis d’Avusy, retiré à Drize, et monsieur l’abbé Pierre-Marie Marquis (1899-1973), curé de Sainte-Clotilde à Jonction, puis curé de Chêne-Bourg, où une maison léguée par une paroissienne avait été laissée à sa disposition et à celle de son frère, prêtre lui aussi, monsieur l’abbé Jean-Marie Marquis.
Mais ces petites chapelles (ou salon aménagé en chapelle), ne purent bientôt plus contenir l’afflux croissant de fidèles. Venus entourer le curé Epiney lors de son expulsion, pour faute de traditionalisme, de sa paroisse de Riddes près d’Ecône, ces fidèles sollicitent l’aide de Monseigneur Lefebvre qui leur promet un prêtre s’ils trouvent un lieu de messe.
En une semaine le matériel liturgique est réuni et le lieu trouvé : la salle communale de Plainpalais leur est louée pour le dimanche matin. La première messe est célébrée le 30 novembre 1975, pour la solennité du Christ-Roi. Chaque semaine, la salle peut être différente : la plupart du temps celle de Plainpalais, parfois celle du Faubourg, ou bien le théâtre Pitoëff. Entre chaque messe, le mobilier liturgique est conservé dans un minibus-chapelle qu’une famille de fidèles consacre uniquement à cet usage. Cette itinérance durera cinq années.
Un jeune prêtre, converti : Monsieur l’abbé Roch
Un jeune prêtre occupe ensuite une place déterminante dans l’histoire de la communauté traditionaliste genevoise : Monsieur l’abbé Denis Roch (1942-2003). Fils de pasteur, il trouve, dans des circonstances miraculeuses, la grâce de la conversion, en janvier 1968, au sanctuaire marial de San Damiano en Italie.
Ordonné en juin1976 à Ecône, il célèbre à Genève une première messe au retentissement particulier. Il est accompagné de Monseigneur Lefebvre qui signe cet été (dit « l’été chaud ») sa dénonciation publique de la subversion moderniste dans l’Eglise Catholique, à travers plusieurs messes solennelles de ce genre. Celle-ci, organisée à l’ancien Palais des Expositions (actuellement Uni mail de l’Université de Genève) accueille 2000 fidèles, ainsi que des pasteurs protestants venus voir leur ancien coreligionnaire. A l’issue ces derniers remercient Monseigneur Lefebvre pour sa fermeté dans le catholicisme authentique et intégral : « Grâce à vous, nous savons qui nous sommes. »
Plein d’ardeur, l’abbé Roch trouve en 1978 un lieu de culte pour la communauté itinérante : une ancienne ferronnerie, rue du Cardinal-Mermillod, à Carouge, et ce, le 1er mai, fête de Saint-Joseph, alors qu’il sollicite cette grâce à l’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal, à Montréal au Canada.
Après d’importants travaux, une première messe est célébrée par Monseigneur Lefebvre pour Noël 1979. Celui-ci revient bénir et inaugurer définitivement le nouvel Oratoire le 23 mars 1980. L’ancien propriétaire, protestant, qui avait vendu le bâtiment à des conditions avantageuses, se convertit au Catholicisme et y reçoit le baptême, le 9 août de la même année, avant que Dieu ne le rappelle à Lui quelque temps après.
L’Hostie et la Croix
En 1993, pour la première fois depuis plus de cent-vingt ans, la procession du Saint-Sacrement est autorisée dans les rues de Carouge, où Monseigneur Bernard Fellay (FSSPX) porte l’ostensoir. Grâce obtenue sans doute par l’intercession d’un jeune prêtre, enfant de la paroisse, l’abbé Henri La Praz, décédé un mois plus tôt, au terme d’un très long et douloureux calvaire, abbé dont le rayonnement et l’héroïsme marqueront pour longtemps les fidèles de l’Oratoire.
L’année suivante, le 4 juin 1994, la procession est cette fois autorisée à traverser le pont et à fouler le sol de Genève-même où toute procession était interdite, depuis Calvin, soit plus de quatre cent soixante ans ! C’est Monseigneur Tissier de Mallerais (FSSPX) qui officie en ce jour mémorable.
Le 30 novembre 2020, cela fera donc 45 ans que pour l’honneur du Christ-Roi et de sa Sainte Eglise, la messe traditionnelle est célébrée à Genève. Une histoire de sacrifices et de combats, mais aussi et surtout de Charité profonde dont les dernières lignes ne s’écrivent pas sur la terre.